jeudi 5 novembre 2009

Fééries indiennes (Musée de la Compagnie des Indes, Lorient, France)

6 juin - 14 décembre 2009

Des rivages de l’Inde au Royaume de France, en passant par la Perse, le musée de la Compagnie des Indes invite à la découverte des cotonnades indiennes imprimées : « les indiennes ».

Exotisme des motifs, chatoiement des couleurs, fraîcheur de la matière : l’exposition propose au visiteur du XXIe siècle de ressentir l’émerveillement des populations européennes du XVIIe siècle face à ces textiles dont les secrets de fabrication, filage et tissage du coton, peinture et impression sur étoffe, sont alors méconnus en Europe mais parfaitement maîtrisés par les artisans indiens.

Ce savoir-faire ancestral est apprécié dans toute l’Asie et, forts de cette supériorité technologique, les Indiens adaptent leur production pour le marché d’exportation. La réponse aux demandes du Moyen-orient prend la forme des fameuses « Perses » que l’Europe admire également.

A partir du XVIIe siècle, les agents des Compagnies des Indes découvrent ces marchandises, qu’ils utilisent à l’origine comme monnaie d’échange en Asie pour obtenir les épices. Mais, quand les Britanniques présentent ces joyeuses étoffes florales à la clientèle européenne, ils suscitent un engouement jamais démenti jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

Les navires des compagnies des Indes importent ces textiles dans des quantités de plus en plus importantes pour satisfaire les besoins des Européens, tant dans l’ameublement que dans l’habillement. Les indiennes deviennent tentures murales, garnitures de lits, de fauteuils, mais aussi caracos, jupes, robes, brassières d’enfant, robes d’intérieur, etc.

La « folie de l’indienne » est telle que, pour protéger les producteurs de textiles français, une prohibition totale frappe ces tissus pendant trois quart de siècle. Le port de ces vêtements est puni de galère perpétuelle et leur vente peut conduire à la pendaison ! La dureté de la prohibition propulse les indiennes au firmament des objets désirables… Une contrebande active, alimentée, en partie par les marins des compagnies des Indes, permet de fournir le marché souterrain goûté par toutes les élégantes, de la favorite du roi à la demoiselle de province.

Les exceptionnelles collections des musées de Lorient et Mulhouse, réunies pour la première fois, se dévoilent dans une véritable féerie florale indienne.